Nouveau tour de vis contre la Tradition

Le pape François a publié le lundi 20 février un Rescrit réduisant le pouvoir des évêques d’appliquer Traditionis Custodes avec bienveillance. Désormais, Rome s’occupe de tout, même du choix de nos églises pour la liturgie traditionnelle. Avec malveillance !

Suite à l’audience accordée lundi 20 février au préfet du dicastère pour le Culte divin, le cardinal Arthur Roche, François a précisé dans un sens restrictif l’utilisation des églises paroissiales et l’éventuelle création de paroisses personnelles pour les groupes célébrant selon le missel de 1962, ainsi que l’utilisation de ce missel par les prêtres ordonnés après la publication de Traditionis Custodes. Il a surtout voulu priver les évêques de toute marge de manœuvre en faveur des fidèles et des prêtres attachés à la liturgie traditionnelle.

Le Motu Proprio du 16 juillet 2021 prévoyait que l’évêque, avant de décider sur l’un de ces points, devait demander l’autorisation du dicastère pour le Culte divin et la discipline des sacrements, qui selon Traditionis Custodes, exerce l’autorité du Saint-Siège en ces matières. Il revenait donc au dicastère, selon les circonstances, de donner son accord éventuel à l’ordinaire diocésain.

Le motu proprio déclare en effet dans son article 3 :

« L’évêque du diocèse dans lequel existent jusqu’à présent un ou plusieurs groupes qui célèbrent selon le Missel antérieur à la réforme de 1970 (…) désigne un ou plusieurs lieux où les fidèles adhérents de ces groupes peuvent se réunir pour la célébration eucharistique (pas cependant dans les églises paroissiales et sans l’érection de nouvelles paroisses personnelles).  »

L’article 4 ajoute :

« Les prêtres ordonnés après la publication du présent Motu Proprio, qui souhaitent célébrer à l’aide du Missale Romanum de 1962, doivent en faire la demande formelle à l’Évêque diocésain qui consultera le Siège Apostolique avant d’accorder cette autorisation. »

Enfin, l’article 7 précise :

« La congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements et la congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, pour les matières de leur compétence particulière, exercent l’autorité du Saint-Siège en ce qui concerne l’observation de ces dispositions. »

Les canonistes avaient quasi unanimement considéré que ce Motu Proprio dérogeait à la tradition juridique de l’Eglise et que, surtout, les Responsa ad Dubia publiées le 18 décembre 2021 par le dicastère pour le Culte divin et la discipline des sacrements ne comportaient aucune valeur d’obligation. Le Père Reginald-Marie Rivoire, de la Fraternité Saint Vincent Ferrier, a ainsi décompté que les Responsa violaient le canons 87.1 sur le droit de l’évêque à dispenser d’une loi universelle de l’Eglise pour des raisons pastorales, le canon 902 sur le droit d’un prêtre de ne pas concélébrer, le canon 905.2 sur la possibilité de tout prêtre de célébrer deux messes par jour (« biner ») avec l’autorisation de l’évêque du lieu, et les canons 213 et 214 qui garantissent les droits des fidèles à recevoir de leurs pasteurs les biens spirituels que sont la parole de Dieu et les sacrements, ou de rendre le culte à Dieu selon leur rite propre et à suivre leur propre forme de vie spirituelle (Le Motu Proprio Traditionis Custodes à l’épreuve de la rationalité juridique, in Mélanges offerts en l’honneur de l’Abbé Bernard Lucien, DMM 2022).

Le Père Réginald-Marie observait que la consultation du Siège apostolique renvoyée au dicastère pour le Culte divin attribuait abusivement à cette congrégation un pouvoir législatif (énoncer une loi) sans qu’il dispose d’une délégation du législateur (le Pape). Par ailleurs, les évêques ne pouvaient pas être canoniquement privés de la dispense d’une demande d’autorisation à Rome, en vertu du canon 87.1 : « Chaque fois qu’il le jugera profitable pour leur bien spirituel, l’évêque diocésain a le pouvoir de dispenser les fidèles des lois disciplinaires tant universelles que particulières… ».

Ce sont ces deux failles de Traditionis Custodes que le Rescrit du Pape viennent de verrouiller. L’Evêque diocésain ne peut plus concéder l’usage d’une église paroissiale pour la célébration de la liturgie traditionnelle sans autorisation du Culte Divin. Il ne peut pas non plus autoriser un prêtre ordonné depuis le 16 juillet 2021 à célébrer selon l’ancien Ordo sans l’autorisation express du Cardinal Roche, dont on connait l’hostilité à la tradition.

Ajoutant la mesquinerie à la sévérité, le rescrit du Pape François précise que « si un évêque diocésain a accordé des dispenses dans les deux cas mentionnés ci-dessus, il est obligé d’en informer le dicastère pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, qui évaluera les cas individuels ».

Par conséquent, en présence de concessions d’églises paroissiales ou du nihil obstat pour l’utilisation du missel préconciliaire par les prêtres ordonnés après juillet 2021, établis par l’autorité diocésaine sans le consentement de Rome, l’évêque devra obligatoirement reprendre la procédure et se conformer à la réponse du dicastère. Enfin, avec le nouveau rescrit papal, François «confirme ce qui a été établi» dans les réponses aux dubia du 18 décembre 2021 décembre 2021, y compris sur l’interdiction de « biner » pour les prêtres ou l’interdiction d’annoncer les horaires des messes tridentines dans un bulletin paroissial…

A l’heure où François vante jour et nuit la synodalité, Rome piétine le droit des évêques à satisfaire les besoins spirituels des fidèles, traite les successeurs des apôtres comme s’ils étaient des fonctionnaires du Vatican et place entre les mains du Cardinal Roche le pouvoir d’affecter des églises au culte catholique dans le monde entier. Mais quelle est cette Eglise ?

Amis fidèles de Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Rouen, Vanne ou Paris, ne vous laissez pas chasser de vos églises paroissiales sans réagir : constituez-vous en mouvement de fidèles laïcs, si ce n’est pas déjà fait, et rejoignez l’Union Lex Orandi.

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