Communiqué - Le synode peut-il produire du fruit ?

Communiqué - Le synode peut-il produire du fruit ?

Malgré les propos rassurants diffusés par le site Vatican News à propos du synode, il semble de moins en moins probable que les partisans d’une révolution dans l’Eglise puissent arriver à leurs fins.

Le synode a mal commencé. Le lundi 2 octobre, les Cardinaux Walter Brandmüller (Allemagne), Raymond Burke (Etats-Unis), Juan Sandoval Íñiguez (Mexique), Robert Sarah (Guinée) et Joseph Zen (Chine), auteurs des « dubia » adressées au Pape François sur certains des sujets du synode, ont publié une « Notification aux fidèles du Christ (can. 212 § 3) concernant les dubia présentés au pape François ».

Dans cette notification, les Cardinaux expliquent qu’en tant que membres du Collège cardinalice, « conformément au devoir de tous les fidèles de “manifester aux pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui concerne le bien de l’Église” (can. 212 § 3) et, surtout, conformément à la responsabilité des cardinaux d’assister “le Pontife Romain… personnellement… en aidant surtout le Pape dans son gouvernement quotidien de l’Église universelle” (can. 349), nous avons fait part au Pontife romain de notre plus vive préoccupation à la suite de diverses déclarations de prélats de haut rang, concernant la célébration du prochain Synode des évêques, qui sont ouvertement contraires à la doctrine et à la discipline constantes de l’Église, et qui ont suscité et continuent de susciter une grande confusion et de faire tomber dans l’erreur les fidèles et les autres personnes de bonne volonté ».

Pour tenter de déminer cette fronde, le Vatican a publié les réponses que le Pape a faite aux dubia, ajoutant encore à la confusion. Dans sa réponse, le Pape affirme ainsi que « certaines considérations du Nouveau Testament sur les femmes (…) et d’autres textes de l’Écriture et témoignages de la Tradition (…) ne peuvent être répétés tels quels aujourd’hui. » Répondant à une question sur la bénédiction des couples homosexuels, François suggère que « lorsqu’on demande une bénédiction, on exprime une demande d’aide à Dieu, un appel à pouvoir mieux vivre, une confiance en un Père qui peut nous aider à mieux vivre. » Semblant émettre des doutes sur la valeur dogmatique de l’enseignement de la lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis de Saint Jean-Paul II, qui enseigne comme une vérité à considérer définitive l’impossibilité de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes, le Pape élude le fond de la question en répondant « qu’une doctrine claire et faisant autorité sur la nature exacte d’une “déclaration définitive” n’a pas encore été élaborée de manière exhaustive. »

Fort heureusement, ces arguties ne pouvaient pas entraîner l’adhésion de tous les membres du synode. Ainsi, le Cardinal Müller a réagi le 13 octobre en publiant sa propre analyse de la réponse du Vatican, la qualifiant de “rupture” avec les enseignements clairs de saint Jean-Paul II et du pape Benoît XVI. Il a également indiqué que la réponse du Vatican était en désaccord avec les doctrines ecclésiales établies sur le péché grave et la réception licite de l’Eucharistie.

Le 18 octobre, lors d’un pourtant très officiel point de presse du Synode, Mgr Stankevičs, archevêque de Riga et secrétaire général de la conférence épiscopale de Lettonie, a rappelé que les couples homosexuels sont appelés à vivre dans la chasteté parce que toute relation sexuelle en dehors du mariage est un péché et que, par conséquent, bénir les couples qui n’acceptent pas ce principe reviendrait à bénir ceux qui vivent dans le péché, ce qui serait contraire à la mission confiée par le Christ à son l’Eglise, comme le rappelle fortement l’épitre de Saint Paul aux Romains : « Les hommes ont abandonné les rapports naturels avec les femmes pour brûler de désir les uns pour les autres ; les hommes font avec les hommes des choses infâmes. Ils savent bien que, d’après le juste décret de Dieu, ceux qui font de telles choses méritent la mort ; et eux, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font » (Rom 1, 27-32).

Le thème de l’accès des femmes au ministère diaconal était un axe fort de l’Instrumentum Laboris. Il semble avoir été relativisé par l’assemblée synodale : une participante laïque, le professeur René Ryan, s’est exprimée ainsi : « Je pense que l’on se focalise trop sur cette question et, lorsque l’on se focalise trop sur une question, on oublie ce dont les femmes du monde entier ont besoin.(…) Nous devrions nous pencher sur d’autres questions (…). »

Enfin, même si le secrétariat du synode met volontiers en avant l’enthousiasme apparent de certains participants, comme la Sœur Maria Nirmalini, indienne, supérieure générale des Sœurs du Carmel apostolique et présidente de la Conférence des religieux de l’Inde, qui loue : « cette belle expérience et ce merveilleux voyage » qu’est le Synode, d’autres participants se montrent plus circonspects, à l’instar de Mgr Grušas, archevêque de Vilnius, président du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe et de la Conférence épiscopale de Lituanie, qui précise : « Je ne crois pas qu’à ce stade, ou même avant 2024, il y aura des décisions finales. » 

Il est vraisemblable que cette formulation diplomatique soit le reflet de l’âpreté des débats. En cause : la prétention de la « méthode synodale » de conversation dans l’Esprit dont l’Union Lex Orandi a décortiqué le mécanisme (vous trouverez l’intégralité de notre dossier en téléchargement). Nous avons alerté sur les risques de manipulation que présente cette soi-disant « méthode synodale », ainsi que sur les limites des discussions par petits groupes qui ne reflètent pas une opinion unanime. Notre analyse est très largement confirmée par l’Archevêque de Sydney, Monseigneur Anthony Fisher, pour qui, si une proposition est radicalement en contradiction avec l’Évangile, alors « cela ne vient pas du Saint-Esprit, parce que nous ne pouvons pas avoir le Christ et le Saint-Esprit en guerre l’un contre l’autre. (…) Le Saint-Esprit est l’Esprit du Christ. Il est l’Esprit du Père et du Fils, et donc il ne dira que des choses qui sont cohérentes avec ce que le Christ nous a révélé dans la tradition apostolique (…) Alors n’attribuons pas tout ce qui se passe au synode ou ailleurs dans nos vies au Saint-Esprit. Je pense que c’est superstitieux de faire cela », a déclaré Monseigneur Fisher à CNA dans une interview à Rome cette semaine. « Dans la révélation, le Christ nous a donné tout ce dont nous avons besoin pour notre salut. Nous transmettons de génération en génération l’Évangile et les enseignements de l’Église », a-t-il déclaré. « Nous avons déjà pour nous aider sur toutes sortes de questions tout un corps d’enseignement, de doctrine, provenant de milliers et de milliers de personnes à travers les générations, guidées par le Saint-Esprit. Le dépôt de la foi, comme nous l’appelons, est là à exploiter (…). Nous ne sommes donc pas livrés à nous-mêmes, à notre propre réflexion – quelle que soit l’humeur de l’assemblée sur un sujet particulier… ».

Particulièrement critique à l’égard de la proposition d’un accès des femmes aux ordres sacrés, Monseigneur Fisher dénonce les faux-semblants du débat, indiquant qu’il est difficile de savoir ce que l’assemblée dans son ensemble pense sur cette question en n’entendant qu’un rapporteur de chacune des 35 tables de la salle : « vous ne savez pas si ce rapport énonce ce qu’une personne a dit ou ce que les 12 personnes à cette table ont dit. (…) Donc, vous ne savez pas si c’est l’enthousiasme d’une ou deux personnes à chaque table ou un enthousiasme qui est réellement partagé par presque toute la salle. » Et le prélat australien ajoute : « Bricoler en marge pour savoir si 0,001 % des femmes pourraient être diaconesses ou femmes diacres (…), c’est insignifiant comparé à l’énorme perte de foi que nous connaissons actuellement, particulièrement chez des générations entières. (…) Ce que j’aimerais voir ressortir du synode, c’est un enthousiasme pour ramener à la foi à des gens qui devraient l’avoir et qui, pour une raison quelconque, en sont éloignés ».

Union Lex Orandi

PS. Vous pouvez désormais télécharger la version complète de notre guide de lecture sur l’Instrumentum Laboris.

Télécharger
...

S’affilier à l’Union Lex Orandi

Pour toute demande d’affiliation, contactez-nous par mail.